Jan Jambon, ministre des Finances et l’ITAA lancent un appel à propositions d’améliorations pour les experts-comptables et les conseillers fiscaux. Cette requête intervient après un constat saisissant: 92 % des professionnels du secteur sont confrontés à des contraintes administratives.
Aucun secteur de notre pays n’échappe à la complexité croissante de la réglementation et de l’administration. Mais pour les comptables et les conseillers fiscaux, cela ressemble parfois à une course d’obstacles sans fin. Les comptables et conseillers fiscaux belges sont confrontés à un labyrinthe d’obligations, d’outils numériques instables, et de règles dont l’utilité n’est pas toujours claire.
Jusqu’au 15 avril prochain, l’ITAA mène une vaste enquête auprès de ses membres afin d’apporter des solutions structurelles à la simplification administrative dans le secteur.
« Nous recevons des contributions massives, ce qui en dit long sur le besoin de changement », déclare Bart Van Coile, président de l’ITAA.
Un secteur sous pression
L’enquête annuelle de l’ITAA auprès de ses membres montre que 92 % des comptables et conseillers fiscaux belges sont confrontés à des charges administratives. Bart Van Coile : « Nous entendons souvent dire que les tâches administratives que nous devons accomplir aujourd’hui sont disproportionnées par rapport à la valeur ajoutée qu’elles apportent aux entrepreneurs ou aux pouvoirs publics. Prenez par exemple le fait de remplir le registre UBO ou la déclaration obligatoire des baux commerciaux, alors que nous les enregistrons déjà. C’est de la duplication d’efforts. »
Les outils numériques de l’administration sont aussi plus souvent source de frustration que de gain de temps. Ils ne fonctionnent pas toujours correctement ou sont difficiles à utiliser, ce qui complique le travail des comptables et augmente les coûts pour les entrepreneurs.
Déjà 1 200 suggestions dans l’enquête de l’ITAA
Pour ne pas être en reste, le ministre des Finances Jan Jambon, en collaboration avec l’ITAA, a lancé une enquête à grande échelle. Les membres peuvent y soumettre leurs propositions concrètes de simplification administrative. Les données seront rassemblées et remises au ministre.
« Nous avons déjà reçu plus de 1 200 suggestions », confirme Bart Van Coile. « Il y a un certain chevauchement dans les réponses, mais ce succès montre clairement que les besoins des cabinets comptables belges sont importants. Les suggestions sont très individuelles et diverses. Cependant, nous voyons un fil conducteur, en particulier la demande de réévaluer de manière critique les règles administratives qui prennent beaucoup de temps mais ne donnent que peu de résultats.
Politique concrète en vue : mesures de l’accord de coalition fédérale
Pour la première fois depuis longtemps, le monde politique semble lui aussi prêter une oreille attentive aux plaintes du secteur comptable. L’accord de coalition fédéral contient un certain nombre de promesses importantes qui pourraient avoir un impact direct sur la pratique quotidienne des comptables. Bart Van Coile : « Aujourd’hui, les décideurs politiques sont prêts à s’attaquer aux problèmes. Il y a une volonté de travailler ensemble et de se débarrasser du ballast. »
Quelques mesures notables :
- Suppression de l’annexe n° 270 MLH (annexe sur les loyers) : ce document sera supprimé et remplacé par une alternative moins contraignante. « C’est une étape logique », déclare Bart Van Coile. « De toute façon, les comptables transmettent ces informations ailleurs.
- Simplifier ou supprimer le carnet de reçus journaliers et les différents registres de TVA : ces documents sont souvent obsolètes dans un contexte numérique. Ils créent de la paperasserie supplémentaire sans aucun avantage en termes d’audit.
- Suppression de la liste des clients nuls : il s’agit de la présentation obligatoire d’une liste vierge s’il n’y a pas de clients au-delà d’un certain seuil. Cette mesure sera supprimée dans le cadre de l’introduction de la déclaration électronique.
- Simplification de la documentation sur les prix de transfert pour les PME : actuellement, les PME doivent également fournir une documentation complexe sur les prix de transfert au sein de leur groupe. Le gouvernement veut faire la différence et assouplir les règles pour les PME.
- Réforme du registre UBO : une grande partie des informations qui doivent être saisies manuellement aujourd’hui sont déjà disponibles auprès des notaires ou dans le CBE. Le gouvernement fédéral souhaite que ces données soient transmises automatiquement au registre UBO, sans coûts ni obligations supplémentaires pour les propriétaires d’entreprises.
- Dépôt des comptes annuels des ASBL auprès de la BNB : jusqu’à présent, les ASBL devaient déposer leurs comptes annuels auprès du greffe, une procédure administrativement lourde et souvent inutile. Désormais, toutes les ASBL pourront le faire via la centrale des bilans de la BNB, à l’instar des entreprises. Pour les petites ASBL, même la taxe de dépôt disparaîtrait.
- Numérisation et e-dockets : le niveau fédéral promet une approche coordonnée avec les régions pour rationaliser le paysage numérique. « Nous espérons que les gens s’inspireront du comptoir électronique flamand », déclare Bart Van Coile. « Cela peut servir de modèle pour une prestation de services plus efficace.
La facturation électronique comme levier
À partir de 2026, la facturation électronique deviendra obligatoire pour les transactions B2B en Belgique. Deux ans plus tard, un organisme d’audit assurera le suivi de ces factures de manière centralisée. « Si vous savez que le gouvernement recevra de toute façon toutes les factures, pourquoi continuer à imposer aux PME des règles temporaires et administrativement lourdes ? Selon les estimations, la facturation électronique générera quatre à six milliards d’euros de recettes supplémentaires par an. La Belgique est à la traîne par rapport à des pays comme l’Italie et l’Espagne, mais elle est en train de rattraper son retard.
Une profession d’avenir : attirer les jeunes talents
La simplification n’est pas seulement une question d’efficacité. Il est également essentiel de maintenir l’attrait de la profession comptable et fiscale pour les jeunes. « Lorsque les jeunes entreprises constatent que leur travail consiste principalement en une administration interminable, elles abandonnent », explique Bart Van Coile. « Mais une fois qu’ils constatent que la numérisation et la simplification font vraiment la différence, l’engagement se renforce. Je l’ai constaté à maintes reprises au cours de ma carrière de près de 40 ans.
Opportunité d’un réel redressement
Grâce à une campagne d’enquête active de l’ITAA, à un accord de coalition bien fourni et à un dialogue ouvert avec les décideurs politiques, une véritable percée en matière de simplification administrative semble possible pour la première fois depuis des années. « Tout entrepreneur veut de la clarté et de la stabilité. Cela vaut également pour notre secteur », conclut Bart Van Coile. « Profitons de cette occasion pour créer un environnement de travail plus professionnel, plus simple et plus attrayant. Pour aujourd’hui et pour demain. »